OUVREZ LA FENÊTRE !
Photographies, gravures, collages et dessins du 20e siècle
5 dec. 2023 - 2 fev. 2024
HANS BELLMER
DADO
MARCEL DUCHAMP
DORA MAAR
RAOUL MICHAU
PABLO PICASSO
SANFORD ROTH
JEAN TINGUELY
JOAN VIDAL VENTOSA
Pour la deuxième exposition à la galerie, nous avons rassemblé un ensemble d’objets emblématiques des nouvelles explorations techniques des artistes du XXe.
Débarrassée de ses contraintes utilitaires, la gravure revient au début du XXe siècle à un pur domaine artistique, permettant aux artistes d’explorer de nouvelles possibilités. Objet artistique noble, elle devient même un support que les artistes réinterprètent en la retravaillant à la main.
â
L’irruption brutale de la photographie change le rapport de l’artiste à sa représentation. Le cadrage du sujet se modernise et, utilisée à des fins documentaires la photographie laisse apparaître les métamorphoses d’une œuvre.
Les premiers collages sont l’œuvre de Picasso et Braque en 1912. Ils inspirent les dada et surréalistes qui y voient une technique de détournement subversive. Utilisé comme un complément du motif dessiné, le collage devient ensuite une possibilité d’extension de la surface picturale.
â
Au carrefour de toutes ces innovations techniques se trouve le papier à dessin, qui permet le mélange des genres, la manipulation la plus innovante possible tant le papier est plus libre que la toile. C’est aussi le lieu de l’esquisse et du travail préparatoire, où le champ des possibilités s’ouvre.
Marcel Duchamp (1887 - 1968)
La bagarre d'Austerlitz
1936
Héliogravure et cellophane collé, rehaussé à la gouache
25 x 19,7 cm
â
La Bagarre d'Austerlitz est un objet très typique de la vision duchampienne de l'art. Tout commence en 1920 avec le ready-made Fresh Widow, une fenêtre tapissée de cuir et donc aveugle, qui est un jeu de mot entre la fenêtre française ("French window") et la veuve fraîche, effarouchée et tapie dans l'obscurité.
â
Au-delà du jeu de mots, c'est la tradition picturale occidentale, la conception du tableau comme «fenêtre ouverte sur le monde» qui est interrogée. Il reprend le thème de la fenêtre en 1921 et crée la miniature de la Bagarre d'Austerlitz ("là-bas, gare d'Austerlitz"). Duchamp a emménagé en 1913 près de la gare d'Austerlitz, année charnière qui coïncide avec les premiers ready-mades.
â
En 1936, Duchamp conçoit une réinterprétation en deux dimensions. Il utilise une photo du ready-made en noir et blanc prise par Man Ray, qu’il retouche à l’encre orange pour colorier les briques et à laquelle il ajoute deux films translucides et rehausse de gouache blanche pour réaliser les fenêtres.
â
La reproduction en couleurs faite d’après la maquette originale a été tirée à 70 exemplaires plus quelques hors commerce et a servi pour illustrer le recueil Au Lavoir Noir d’André Breton, Éditions GLM (Guy Lévis Mano), Paris 1936 (collection « Repères » n° 6). Un grand nombre de tirages complémentaires ont été réalisés par Duchamp pour les « Boites en Valise ». L'exemplaire présenté est un tirage hors-commerce ayant appartenu jusqu'à sa mort à Guy Lévis Mano, éditeur de l'ouvrage.
La romancière et poète française Valentine Penrose, ayant côtoyé le groupe surréaliste avant la guerre, publie en 1951 un recueil-collage intitulé Dons des feminines. L’ouvrage mêle poèmes et collages à la façon de Max Ernst (images issus de revues de vulgarisation scientifique de la fin du XIXe siècle), et s’ouvre avec la présente eau-forte de Picasso.
â
Dons des féminines raconte une histoire d’amour surréaliste entre deux femmes : Maria Elona et Rubia. Préfacé par Paul Eluard, l’ouvrage est un concentré de thèmes et procédés surréalistes. Ce livre fait l’éloge du libre amour lesbien, renvoyant à l’expérience personnelle de Valentine Penrose qui vécut en 1936 un voyage similaire en Inde avec l’artiste Alice Rahon.
â
On se sait si c’est par Paul Eluard ou Roland Penrose (ex-mari de Valentine et biographe de Picasso) que Picasso et Valentine Penrose collaborèrent. Ce qui est certain, c’est que Picasso offre là une superbe scène d’amour lesbien, sensuelle et délicate. Père de deux jeunes enfants (Paloma née en 1949 et Claude né en 1947), Picasso semble adoucir son trait et ses thèmes au début des années 1950. Cette remarquable eau-forte est l’une des seules représentations d’amour lesbien explicite de tout son œuvre.
Pablo Picasso (1881 – 1973)
Le couple (amours féminines)
1951
Eau forte
21,7 x 16,8 cm (image)
â
Jean Tinguely (1925 – 1991)
Fontaine Jo Siffert
1984
Acrylique, pastel et encre sur carton
21 x 29,6 cm
Jean Tinguely, passionné par les machines, terrifié par la finitude du trait, consacre son œuvre à l’étude du mouvement mécanique. Les machines de Tinguely sont des utopies heureuses, vivant en harmonie avec les hommes, et humaines même dans le ridicule dont il peut les affubler.
â
« J’aime la Formule 1 parce qu’elle est la rencontre la plus concentrée entre Homme et Machine, entre l’homme et la folie qui ne mène nulle part.» disait Tinguely. Cet amour pour la course automobile est sublimé par une amitié sincère et profonde avec le pilote suisse Joseph, dit « Jo », Siffert, originaire comme lui de Fribourg. Ce-dernier décède en octobre 1971, au volant d’une Formule 1 sur le circuit de Brands Hatch, en Angleterre.
â
Dès 1972, Tinguely fait part à la ville de Fribourg de son intention de réaliser un monument à Jo Siffert. Il fallut attendre 12 ans pour que la fontaine soit inaugurée, pelouse des Grand-Places. Au centre d'un grand bassin de pierre, cette sculpture est composée de roues, d'éléments métalliques, ainsi que de tuyaux flexibles. Elle est animée par un moteur et gicle l'eau dans une joyeuse fantaisie. Le spectacle varie suivant les saisons, selon l'influence du soleil, des nuages ou du gel.
Le Monténégrin Dado a été très vite classé comme un héritier du surréalisme. Son appartenance à l’écurie de Daniel Cordier et sa proximité avec Hans Bellmer ont favorisé cette idée. L’esthétique de Dado semble être complètement onirique, elle est en fait marquée par une profonde inquiétude slave, à la fois culturelle et ressentie par le traumatisme des années de guerre en Yougoslavie. Avec Bellmer il partage cette précision diabolique dans le trait et cet intérêt pour le corps.
â
Sauf que Dado ne voit pas le corps comme un espace d’expérimentation du désir, mais comme partie d’un grand bestiaire dans lequel il va puiser ses références. Inconditionnel lecteur de Buffon, il colle ici des pages d’anatomie qu’il détourne pour créer des espèces nouvelles.
â
Le collage est une activité primordiale pour Dado. Non satisfait d’un dessin, Dado décide de le combiner avec d’autres pour leur redonner vie. Alors, il colorie, découpe, redessine et donne 3 ou 4 états à ses dessins. Le résultat est une fête, une animation folle qui nous oblige à regarder dans tous les recoins de l’œuvre. Dado retravaille ses œuvres pour leur donner une nouvelle vie, ici il parachève son travail directement sur le cadre, avec cet impressionnant aplat rouge vif, ajoutant encore une dimension à l’histoire qu’il nous raconte.
Dado (1933 – 2010)
Sérénade de Don Giovanni de Mozart
â
1993
Technique mixte et collages sur papier (cadre de l’artiste)
125,4 x 85,2 cm
â
Hans Bellmer (1902 – 1975)
Les Mains de Françoise Lurchaire
1950
Encre et gouache sur papier
26 x 18,5 cm (vue)
â
L’artiste Hans Bellmer apparaît au monde dans toute sa singularité par son œuvre La Poupée, en 1934. Il s’inspire de la démarche d’Oscar Kokoschka, qui en 1918 fait confectionner une poupée grandeur nature, rêvant d’une créature idéale pour le consoler d’une terrible souffrance amoureuse.
La création de la poupée pose comme enjeu la question de l’imagination dans son rapport au réel. Bellmer crée un objet modifiable mais inanimé, comme une marionnette. Il la transforme en l’amputant ou de lui rajoutant des membres superflus. Toutes ces modifications sont photographiées, Bellmer insistant plus sur le processus de manipulation de l’objet que sur le cadrage et la mise en scène. C’est ainsi par la photographie et l’assemblage de sa poupée, que Bellmer, dessinateur hors pair, crée l’espace théorique de toutes ses expérimentations futures : Le corps comme matière, où s’ancre la réalité du désir.
â
Les membres articulés sont un motif récurrent chez Bellmer, et les mains en particulier ont cela de savoureux qu’elles sont toujours une thématique sensible pour les artistes. Bellmer prend ici un plaisir particulier à les représenter avec force de détail et contorsions, montrant son grand talent de dessinateur. Dans l’imaginaire de Bellmer et sa représentation du désir, les mains sont le premier point d’entrée de la sensibilité érotique. Avec ces mains articulées, il désincarne le désir et le rend tout à fait malléable, au bon vouloir du marionnettiste.
La Suite Vollard est un ensemble mythique de gravures, réalisées par Pablo Picasso entre 1930 et 1937 et éditées par Ambroise Vollard. Ces deux noms majeurs de l’art moderne ont déjà collaboré dans les années 1900, Vollard lui achetant de nombreuses toiles et publiant, déjà, d’importantes gravures de la série des Saltimbanques.
â
En 1931, Picasso est à un nouveau tournant créatif. Il peut enfin vivre au grand jour son amour avec Marie-Thérèse Walter. Le visage si original de Marie-Thérèse le pousse à reprendre la sculpture. Comme à chaque fois que Picasso change de medium, il explore avec fantaisie et frénésie les possibilités nouvelle de son outil. Dans son château de Boisgeloup, Picasso sculpte le visage de Marie-Thérèse à l’infini, dans un langage sensuel et ondulant, fait de signes investis de sexualité et condensant les attributs du modèle : nez proéminent dans le prolongement du front, regard en amande, poitrine plantureuse.
â
C’est cette période de frénétique création sculpturale que Picasso documente largement dans la Suite Vollard. 46 des 100 planches sont consacrées à l’atelier du sculpteur. Ces 46 planches ont été faites dans un élan créatif très intense, 40 étant réalisées entre Mars et Mai 1933, les six dernières entre le 17 mai et le 18 juin 1933. Dans cette planche, le sculpteur a disparu, laissant le modèle face à sa représentation, comme confrontée à sa déformation par l’artiste, qui grave ici la scène.
Pablo Picasso (1881 – 1973)
Modèle et grande sculpture vue de dos
â
1933
Gravure à l'eau forte
26,8 x 29,2 cm (image)
â
Dado (1933 - 2010)
Tamerlano
â
1991
Gouache et pastel sur gravure à la pointe sèche
63 x 44,5 cm (image)
Comme Pissarro à la fin du XIXe ou Picasso dans les années 1930, Dado a élu domicile dans les alentours de Gisors. Il s’installe dès 1960 au moulin de Hérouval, grâce à l’aide de son galeriste Daniel Cordier. Ce lieu de vie, que Dado ne quittera plus, lui permet de mettre en place un espace de création propre : il vit avec sa famille, à l’écart du tumulte parisien et au milieu des animaux. Avec son ami Bernard Réquichot, ils découvrent l’équarrissage de la Bellée, à quelques kilomètres d’Hérouval, et vont y recueillir des ossements. Dado les utilisera pour ses premières sculptures et ils intégrèrent pleinement son langage pictural.
â
Dado aime le papier avant tout. Très attentif au choix du papier, toujours de très haute qualité, celui-ci lui permet une souplesse de la mise en page, un mélange des techniques, voire un découpage. Le papier est une possibilité infinie que Dado aime exploiter tant il considère que ses dessins doivent être vivants. Pour cette raison, il aime retravailler ses dessins, ici une gravure, pour les revivifier.
â
Dans cette œuvre, Dado reprend une gravure à la gouache et au pastel. Le crayon de couleur rouge est un moyen pour Dado de rapprocher le dessin du spectateur, et dissocie le premier état du second. Il laisse volontairement apparaître l’antériorité de la gravure qui apparaît comme un fantôme, dotant son dessin d’une nouvelle dimension inquiétante.
Après avoir fasciné les poètes surréalistes avant-guerre, la démarche obsessionnelle de Bellmer, suscite, dès la fin des années 1940, l’intérêt des milieux psychanalytiques autant que des intellectuels et des théoriciens de la subversion : son œuvre graphique, qui sera pour beaucoup gravé (de Œillades ciselées en branches de Georges Hugnet, en 1938, l’Histoire de l’œil de Georges Bataille, 1947, à À Sade, 1961), lui vaut l’aura sulfureuse d’un artiste de l’imaginaire et de la transgression érotique.
â
Sa précision d’anatomiste et le raffinement de son trait s’inscrivent dans la tradition graphique germanique, tradition qu’il pervertit totalement par ses thèmes érotiques.
â
Dans cette composition, Bellmer interroge la possibilité d’un désir interdit en représentant son impossibilité : trois mains d’un sujet cherchent le même orifice. Elle fait suite à une série d’expérimentations photographiques, consistant à ligoter un corps nu pour créer des formes corporels inédites. Pour autant, la forme du fessier ficelé est particulièrement douce, faisant peut-être écho à une rencontre qui bouleversa Bellmer. En 1953, il rencontre Unica Zürn à Berlin, artiste allemande qui sera sa compagne et partenaire artistique majeure dans la dernière partie de sa vie.
Hans Bellmer (1902 – 1975)
Composition érotique
â
1953
Graphite sur papier
22,6 x 23,6 cm (vue)
â
Dora Maar et Picasso unissent leurs destins en 1936 et s’estiment mutuellement d’un pont de vue artistique. Photographe surréaliste reconnue, Dora Maar eu un rôle essentiel dans les choix de Picasso. Documentant les métamorphoses de Guernica, elle lui a ouvert sa chambre noire pour ses essais du cliché-verre. Symétriquement, sur les conseils de Picasso, Dora Maar reprend sérieusement son activité de peintre, elle qui fut formée à l’atelier du cubiste André Lhote.
â
Ses œuvres des années 1936-1940 font échos aux portraits stylisés de Picasso, agissant comme un miroir de l’œuvre du Malaguène qui la représente en femme qui pleure. Dora Maar apprivoise et intègre le langage formel de celui qu’elle considère comme un maître absolu de la peinture. Preuve de cette métamorphose, en 1940, sur le nouveau passeport de Dora Maar, son activité est établie comme « photographe et artiste-peintre ».
â
Les années de guerre sont désespérantes pour Dora Maar, confinée dans son atelier rue de Savoie (à quelques mètres de celui de Picasso) et qui abandonne la figure pour les paysages de Quai de Seine et les natures mortes. Cette multiple étude de natures mortes est un formidable témoignage du travail d’atelier de Dora Maar. On comprend bien l’influence du travail de photographe dans le cadrage resserré sur quelques éléments, ici une plante et une poire. La succession d’études fait penser à un ensemble de clichés photographiques. Si le thème de la nature morte est également approfondi par son compagnon, on voit naître chez Dora Maar un style pictural propre, plus essentiel et méditatif.
Dora Maar (1900 – 1997)
Études de plantes et poires
1942
Encre bleue sur papier quadrillé (recto-verso)
29,6 x 19,5 cm
â
Joan Vidal Ventosa (1880 – 1966)
Pablo Picasso à "El guayaba"
1906
Tirage au gélatino-bromure d'argent
29,6 x 19,5 cm
â
De Picasso on retient quelques clichés mythiques, célébrant un artiste dominant et sûr de son talent. Très peu d’images existent en revanche de sa période catalane. En 1906, Picasso doute, le succès parisien n’est pas encore au rendez-vous. Au printemps, il parvient à vendre ses œuvres à Ambroise Vollard et part se ressourcer en Catalogne, avec sa compagne Fernande Olivier.
â
Il fréquente ses amis barcelonais, alors qu’il prépare un voyage dans les montagnes, à Gosol, pour réinventer son art. Dans ce village reculé des Pyrénées espagnoles, Picasso découvrira le primitivisme ibérique, origine nouvelle d’un processus créatif qui le mènera au cubisme. Picasso est arrivé en Catalogne avec la tradition du XIXe siècle chevillée à son art, il en repartira avec la recette de la modernité.
â
Ce cliché fut donc pris la veille de son départ pour les montagnes, fin mai 1906, au Guayaba, point de rendez-vous et atelier des artistes barcelonais, géré par le photographe auteur de ce cliché, Joan Vidal Ventosa.
â
Il en existe plusieurs versions, la plus diffusée est celle qui représente Picasso entouré de Fernande Olivier et Ramon Reventós. Le regard incandescent de Picasso est saisissant, alors que derrière lui on retrouve une multitude de reproductions de maîtres (Vinci, Rubens, Holbein…), annonçant de façon prémonitoire le destin glorieux du peintre.
Raoul Michau est un artiste mystique, resté en marge de l’histoire de l’art qu’il a pourtant marqué de son empreinte personnelle. Lié au Surréalisme, il a voyagé dans sa jeunesse en Extrême-Orient et rentre en France en 1930, où il découvre avec joie le second manifeste surréaliste. Il expose à la Galerie Pierre en 1934, qui avait accueilli la Première Exposition Internationale des Peintres Surréalistes en 1925.
â
On le compare à Odilon Redon et il se lie avec Pierre Roy, Raoul Michau peint surtout des images fantastiques surréalistes, comme son œuvre la plus connue : La Bataille de Pommes de Terres (1948), conservée au Centre Pompidou. À partir des années 1950, son vocabulaire se fait de plus en plus abstrait, il peint des formes imaginaires ascendantes, souvent des oiseaux, dans l’ambiance nocturne qu’il affectionne.
â
Son art évolue de façon décisive lorsqu’il se tourne avec vers le papier. Par la gouache il joue de transparences laiteuses peu à peu concrétisées, éminemment propres à évoquer les formes et les mondes naissants. Il s’ouvre un univers technique efficace et de grande portée, qu’il complète par des collages de formes mystérieuses.
Raoul Michau (1897 – 1981)
Sans titre
1960
Collage et gouache sur fond noir
20 x 16 cm
Sanford Roth (1906 - 1962)
Alberto Giacometti
â
1953
Tirage gélatino-argentique
26,5 x 34,2 cm
Le photographe Sanford Roth resta dans les annales comme le tragique témoin de la mort de James Dean. Proche de l’acteur, qui le considérait comme un père d’adoption, Sanford Roth était dans une voiture derrière James Dean lorsque celui-ci se tua à bord de sa Porsche Spyder, le 30 septembre 1955. Il fut l’auteur des premiers clichés post-mortem de James Dean.
â
Sanford Roth est un emblème de la photographie des années 1950, à une période où la diffusion des magazines comme Time, Paris Match ou Life permet l’émergence d’une nouvelle élite : les vedettes internationales. Ces vedettes sont donc les acteurs hollywoodiens, qui connaissent ainsi une renommée européenne, mais aussi des artistes majeurs, de Pablo Picasso à Henri Matisse en passant par Joan Miro et donc Alberto Giacometti.
â
Dans cette photo, le sculpteur ouvre symboliquement la porte de son atelier. Situé rue Hippolyte Maindron, d’une surface de 24m2, il fut le lieu de vie et de travail de l’artiste entre le milieu des années 1920 jusqu’à sa mort en 1966. L’atelier de Giacometti est un lieu mythique, par sa longévité, mais aussi par l’intensité de son occupation. La quasi-totalité de ses œuvres furent conçues dans cet atelier, qu’il ne quittait presque jamais. Giacometti, par l’intensité de son travail et son caractère obsessionnel, est un symbole de l’artiste d’atelier, retravaillant à l’infini son trait pour atteindre la plus pure essence de son sujet.